Du 21 au 26 novembre 2023, la Galerie du Génie de la Bastille accueille les artistes italiens Martino Chiti, Chiara Cunzolo, Tommaso Jardella, Gabriele Mallegni, Caterina Sbrana.
« Dans le monde magique, l’âme peut être perdue… »
Ernesto De Martino
« De peur qu’ils ne les
piétinent [les choses saintes
et les perles] avec leurs
pattes et ne se tournent
ensuite pour vous déchirer
en morceaux »
Matthieu 7,6
Santissime est l’exposition de cinq artistes italiens, non par hasard toscans, qui évoque jusqu’au titre une complexité, une dualité suspendue entre invocation et imprécation, caractéristique en cela des cultures ancestrales dans lesquelles l’image sainte est adorée, mais, si nécessaire, aussi punie comme dans le cas de la famine ou de la sécheresse.
Sacrés sont les images, les objets liturgiques, mais dans le langage populaire aussi, certaines parties innommables du corps.
Ambiguë et révélatrice est aussi l’étymologie de saint (du latin sancire), qui, comme celle de sacré, vient de la racine indo-européenne sac/sanc qui indique l’acte de « séparer », de « diviser » mais aussi, de manière inattendue, de « reconnaître la réalité de quelque chose ».
Les choses saintes et sacrées sont donc inviolables, elles ont un aspect de pureté, non contaminé, et pourtant, en même temps, pour se manifester, le sacré s’incarne, il a besoin de corps et de choses, de leur exposition au temps et à la décomposition.
La rencontre avec la sphère du sacré peut être violente, dérangeante mais toujours vitale et transformatrice, nécessaire dans une société de plus en plus normée, qui supprime la mort et tout ce qu’elle ne peut contrôler. Les choses très saintes « Santissime », évoquées ici, nous donnent la possibilité de lire le monde et de pouvoir l’imaginer, même sans nous. Les œuvres exposées dessinent un paysage avec des figures fortement enracinées dans l’imagination et l’histoire du paysage toscan, dans sa dimension idéale et imaginaire, entre retables, rivières et collines, entre majolique peinte et argile rouge qui viennent de la terre. Mais de ce même paysage et de cet idéal, qui d’un objet d’observation devient un point de vue à partir duquel observer le monde, les cinq artistes semblent enquêter sur la destruction, le changement, les altérations progressives, les aspects les plus souterrains et les plus éloignés.
Vernissage mardi 21 novembre à partir de 18h
Les artistes :
Martino Chiti
Chiara Cunzolo
Tommaso Jardella
Gabriele Mallegni
Caterina Sbrana