Du 14 au 19 septembre 2021, le collectif Terra Rossa Lab présente l’exposition « Frontières Fractures Distances ».
Exposition collective
Performances
Projection films
Workshop
La notion de frontière désigne une zone instable qui ne se limite pas à sa dimension spatiale. Elle rappelle un « thème » social dont la préoccupation caractérise certaines pratiques artistiques contemporaines.
La frontière n’est pas seulement une barrière, mais c’est un espace perméable, un lieu d’écoulement, de passages, de traversées où toute volonté d’homogénéité durable est régulièrement mise en péril.
Le discontinu, le fluide, le bloc, le contrôle, le filtrage et la fermeture veulent souvent s’imposer. Réelles et imaginaires, immuables et fluctuantes, intimes et politiques, les frontières tracent des espaces entre identité et altérité.
Les frontières nous distinguent autant qu’elles nous connectent.
Cet équilibre est essentiel dans une société en pleine mutation, en constante confrontation avec ses contradictions, ses doutes et ses interrogations.
On peut donc se demander si l’individu a encore la possibilité d’avoir le contrôle sur un monde dont les frontières tendent à se dématérialiser sans toutefois disparaître définitivement.
Ces changements sociaux s’accompagnent de répercussions visibles qui, à l’intérieur de frontières de plus en plus floues et ténues entre vie politique et économique, entre sphères publique et privée, affectent l’individu par rapport à sa propre identité et au groupe auquel il appartient.
La notion de frontière est strictement liée au sentiment d’appartenance à une communauté et plus généralement à sa relation avec le monde environnant. La relation entre les notions de subjectivité et de frontières est significative. Dans la pratique, en fait, ce sont nos frontières les plus intimes qui nous permettent de nous projeter au-delà de nous-mêmes.
Le processus de reconstruction d’une nouvelle identité est déjà en cours et pour que cela se poursuive, il est essentiel d’établir une relation différente entre l’individu et la société globalisée.
Celle-ci se définit inéluctablement comme étant soumise à une économie qui tend à nier les libertés individuelles ainsi produire une déshumanisation, fait qui, en pratique, crée un profond fossé entre la solidarité et une demande économique de plus en plus impitoyable, pliée uniquement aux lois du marché. Dans une conception purement « jetable » de la réalité, le besoin vital de redéfinir sa propre identité donne une voix aux individus marginalisés, en
soutenant en même temps le dialogue comme moyen de transgresser les frontières.
En ce sens, nous pouvons donc penser la frontière non pas comme un simple obstacle, mais comme une voie médiane, non pas comme un lieu et un espace de transition, de médiation, mais comme une porte qui nous permet de saisir les vérités de l’existence.
Passons maintenant aux fractures.
Mot significativement poly-sémantique, selon le contexte auquel il se réfère. Pour la médecine, c’est “une perturbation de l’intégrité d’un os”.
En géologie, cela indique la terre qui se fend, s’effrite, bouge.
La ramenant dans un contexte plus strictement humaniste, la fracture est configurée comme distance et isolement, blessure et traumatisme.
Dans tous les cas, elle est induite par un événement extérieur qui mine l’équilibre d’un organisme.
L’événement externe peut être de nature accidentelle ou déterminé par des événements historiques et sociaux tels que la guerre, les grands mouvements migratoires ou par des facteurs géopolitiques qui influencent le sort de communautés entières.
La fracture, disait-on, est une blessure, un signe tangible qui affecte l’être humain et devient une cicatrice, elle s’insinue dans la mémoire des peuples et de l’individu et génère un traumatisme.
L’intérêt de Terra Rossa Lab vise, tout d’abord à documenter les traces de la fracture – blessure, à accueillir sa voix, sa fragilité, à caresser ses fissures. S’ensuit alors une opération de nature presque thérapeutique par laquelle donner forme à la plaie, sans la dissimuler, mais la transfigurer pour qu’elle guérisse, peut se transformer en témoignage, acte cathartique et pourquoi pas, enseignement.
La troisième et dernière thématique concerne les distances, sujet extrêmement sensible et problématique.
De manière de plus en plus évidente, nous observons une approche progressive et leur allongement, avec laquelle nous entendons créer un espace pour pouvoir expérimenter, dialoguer, nous interroger sur des principes et des valeurs communes. Internet a pratiquement éliminé toute distance entre les individus à travers le monde.
Mais en même temps, on assiste au phénomène inverse qui voit l’individualisme sourd comme la base des échanges entre l’individu et la société.
La distanciation est globale, touchant souvent à la fois le désengagement politique et social ainsi que le désengagement humain, relationnel, symbolique. Dans ce tableau d’ensemble, Terra Rossa Lab, plutôt que de se distancer, vise à les accepter, à les esquisser pour mieux les comprendre et, par conséquent, les valoriser et exprimer leurs intérêts et leur potentiel.
Par une réflexion attentive et sensible, Terra Rossa Lab se veut un espace propulseur capable d’activer un mouvement centripète et centrifuge par rapport aux centres distants.
Les moyens par lesquels concrétiser notre action ont été identifiés principalement dans l’expression artistique avec laquelle nous entendons créer un espace d’expérimentation, de dialogue, de remise en question sur des principes et des valeurs communs.
ARTISTES TERRA ROSSA LAB
Sarab Collective
Loredana Denicola
Julie Hahn
Carolina Zaccaro
Hope Mokded
Francesca Sand
Valeria Stasi
Ilaria Venneri
ARTISTES INVITÉS TERRA ROSSA LAB
Les Soeurs Chevalme, Louise A Depaume, Raoul Hebreard,Louise Dumont, Fanny Gosse, Adèle Pécout ,Mila Nijinsky, Jean Louis Hess
Olga Boldyreff, Corinne De Battista , Sophie Menuet, Axelle Remeaud, Céline Tuloup, Elizabette Zelaya
VIDEOS
Anouk Deville, Violaine Le Fur, Camille Pueyo, Ican Ramageli, Pascaline Richtarch-Castellani,Julia Maura
PERFORMANCE
Manon Di Chiappari, Hélène Fromen, Cédric Lerible, Mathilde Neri,Simona Maurone, Antonella Eye Porcelluzzi,Elisabette Zelaya, Sylvaine Louradour
– Mercredi 15 septembre à 18h30
Durée 2h
Performance-atelier de dessin avec Hélène Fromen
“Mon trouble dans le genre, comment je l’ai dessiné” par Hélène Fromen (@hfromen).
Son intention, dans sa pratique comme dans sa recherche, est de transformer l’atelier de dessin d’après modèle en un espace de résistance active et collective au cadre binaire normatif ; un lieu ouvert à l’auto-détermination et l’expression corporelle des modèles.
Avec la lecture performée “Mon trouble dans le genre – Comment je l’ai dessiné”, elle propose aux participant.es de la dessiner tout en l’écoutant, de l’observer alors qu’elle lit et pose. La forme même de cette présentation participe à troubler la binarité des rôles et comportements en plus de celle du genre.
La performance sera suivie d’un atelier de dessin expérimental avec un.e modèle.
Aucune expérience du dessin n’est requise.
– Jeudi 16 Septembre
-18h30 Dialogues sur la Méditerranée (The last border) :
Conférence dînatoire performative avec Terra Rossa Lab + Elisabette Zelaya .
une installation : des images, des textes, des objets autour d’un diner
– Vernissage vendredi 17 Septembre à 18H
Performances :
19h Action Frontières, Hope Mokded et Aïcha Khenissi, 20 minutes
20h Labyrinthe, Manon Di Chiappari, 25 minutes
20h30 Allegory of creation, Mathilde Neri et Simona Maurone, 25 minutes
– Samedi 18 septembre
Performances :
19h30 White Cinders, Julie Hahn et Christophe Jaccard,40 minutés
21h-1h Antonella Eye Porcelluzzi présente son album « The Lords », réalisé avec Rutger van Driel; les textes sont tirés du travail poétique de Jim Morrison et ils font écho aux théories de Wilhelm Reich, et à l’installation sonore ORGASMUSLIEDER+ dj set, Antonella Eye Porcelluzzi et dj Wam, Le bizart
30 bis rue des boulets
75011 Paris
– Dimanche 19 septembre 14h-18H
Atelier théâtre : Le Corps social par Christophe Jaccard https://fb.me/e/1vL6ZYRDR
Projection films + forum ouvert de discussion 21-22H30 :
À L’OUEST, Violaine Le Fur
Lahdha / Instant, Amandine Ferrando
Wuti, Ican Ramageli