« Deux rivages », la Corée, la France, rivages sur le même océan — la peinture. On pourrait penser qu’il n’y a pas plus opposées, plus étrangères l’une à l’autre que des œuvres venant de rivages si éloignés. Mais leur contemporanéité les réunit, et leurs visions proches de ce qu’est la peinture rassemblent aussi quelques caractéristiques communes.
Les assemblages de morceaux de calque polyester de Kim Seon ja, dont les lignes dessinées viennent parfois de nus féminins, déploient des compositions tout à fait abstraites, peintes d’ une seule couleur ou de couleurs très proches. Leurs formats irréguliers se structurent par l’équilibre dynamique des traits et des vides, par les formes particulières des morceaux assemblés, et par les tensions spatiales résultant de subtiles différences de couleur ou de valeur, produites souvent par la transparence du support.
L’opaque blancheur du polychlorure de vinyle (pvc) expansé offre un support lumineux aux couleurs d’Alain Cauchie, et sa malléabilité confère souvent une qualité sculpturale à ses assemblages. Il s’agit toutefois de peinture, dont les formats sont le produit de tensions et de superpositions entre des formes découpées, des vides, des couleurs et des textures.
L’abstraction, l’assemblage, l’irrégularité du format, une structure sans centre ni hiérarchie, une peinture sans récit ni message, faite pour l’œil, voilà ce qui rassemble ces deux approches. Les divergences irréductibles sautent aux yeux et font signe vers des traditions fort éloignées l’une de l’autre.